Produire du contenu : leçon de Stephen King aux blogueurs (et autres rédacteurs)

J’ai d’abord lu On writing pour le seul plaisir de savoir ce que Stephen King avait à dire sur son métier. J’y ai trouvé des analogies avec les joies et les affres du blogging.
J’ai fini par le relire à la lumière d’une question : que puis-je transposer dans mon quotidien de blogueur et dans ma vie professionnelle ?

Quand le « lecteur idéal » remplace les persona

Les professionnels du web ont intégré les persona dans leur méthode de travail. Monsieur King fait référence à son lecteur idéal, ou plutôt sa lectrice idéale puisqu’il s’agit de sa femme. Il imagine sa réaction quand il écrit, il la visualise rire à certains passages…
Les persona sont des créations abstraites, même si je vous ai donné quelques conseils pour leur donner chair. Inspirez-vous du roi King et adressez-vous à une personne dont l’opinion est importante pour vous.

Mes lectrices idéales sont des blogueuses (même si ce terme est réducteur par rapport à leurs talents) comme Selma Païva, Catherine Cervoni et Karine Toussaint. Quand j’essaie d’être drôle voire intéressant, j’essaie d’imaginer leur réaction : vont-elles rire ? vont-elles avoir envie de partager ? Je mesure en partie le succès d’un post par un commentaire de leur part sur ce blog ou au détour d’un tweet.

Le style

Stephen King recommande d’être honnête. Si on a un vocabulaire limité, inutile d’utiliser des mots ou des expressions non maîtrisées. On ne trompe que soi-même. Je reprends à mon compte deux conseils :

  • Préférer la voix active à la voix passive, que Stephen attribue à une timidité mal venue
Georges déplaça le corps

plutôt que

Le corps fut déplacé par Georges
  • Les adverbes sont vos ennemis. Le jeu consiste à en éliminer le maximum.

Et Stephen de conclure : Bien écrire, c’est se débarrasser de ses peurs et de ses coquetteries. À encadrer !

La méthode

Ecrivez d’une traite la première version, sans vous censurer. Ne vous arrêtez pas au style, ne vous laissez pas distraire par un mot qui ne vient pas ou une tournure de phrase qui vous gêne. Une fois la première version écrite au kilomètre, passez à la deuxième version. Retenez la formule magique du maître :

deuxième version = première version - 10 %.

Cette deuxième étape sert à éliminer tout ce qui ne sert pas le propos : « take out the bad parts… that are not the story« .

Si on extrapole, écrire est un valse à trois temps pour des rédacteurs web

1. le fond
2. le style et un peu le fond (vérifier les incohérences par exemple)
3. la mise en forme : titres, listes à puces, liens, visuels, mots-clés…

Cette partie a été une révélation. J’ai trop tendance à vouloir écrire au fur et à mesure un texte définitif, sans faute d’orthographe ni erreur de syntaxe. Je risque alors de perdre des idées en route en butant sur un mot.

Laisser reposer et faire relire

S. King propose de laisser reposer six semaines un bouquin avant de le reprendre avec un œil neuf. Ces délais ne sont pas transposables au blogging, surtout pour les articles liés à l’actualité. Pour les articles de fond, c’est une idée à adapter et tester.

Stephen évoque également la relecture par des personnes critiques mais bienveillantes. C’est un luxe que j’aimerais m’offrir mais il faut avoir le temps et accepter une possible remise en question. Si une lectrice idéale me répondait : « c’est bidon, aucun intérêt », aurais-je le courage de tout recommencer ? A vous de voir si vous avez l’humilité et le temps d’essayer !

La recherche

Stephen King affirme qu’un bon écrivain écrit sur ce qu’il connaît et que l’histoire doit rester au centre de l’attention. La recherche d’informations n’est utile que si elle sert l’histoire, pour lui donner plus de véracité ou éviter des invraisemblances.

La recherche pour un blogueur revient à identifier ce qui a déjà été publié sur un sujet. Si cette phase intervient trop tôt, elle peut orienter votre point de vue ou vous décourager. Il est préférable de commencer par écrire son article puis de chercher d’autres articles. La recherche sert à :

  • détecter d’éventuelles inexactitudes dans son propre article
  • enrichir le lecteur de lectures complémentaires

La longueur des articles

Le King nous explique que les mots ont du poids. Prenez un de ses gros bouquins : son poids est proportionnel à l’investissement de l’auteur. Que le contenu soit de qualité ou non, la quantité résulte d’une somme de travail importante.

Je ne pense pas que ce point de vue s’applique au blogging, même si beaucoup vous diront que Google préfèrent les articles longs et denses. Je dirais qu’il faut adapter la taille en fonction du type d’article que vous écrivez. Par exemple, l’excellent Olivier Cimelière est spécialisé dans l’analyse des stratégies de communication. Une analyse nécessite une argumentation et des développements qui ne sauraient tenir en dix lignes. D’autres blogs ont une approche plus visuelle : tirer à la ligne pour commenter une photo n’apporte pas de valeur ajoutée. Souciez-vous d’abord de vos lecteurs, le référencement suivra et c’est Google qui le dit !

Votre boîte à outils

S. King décrit la boîte à outils de l’écrivain : vocabulaire, grammaire, syntaxe… La connaître, l’enrichir et la maîtriser est indispensable. La boîte à outils du blogueur ou du rédacteur web est plus diversifiée. La mienne comprend par exemple :

  • les outils de veille : Inoreader pour les flux RSS (découvert grâce à l’indispensable Bryan Coder), diverses alertes et newsletters, les médias sociaux, Evernote pour mettre de côté des idées ou des ressources,
  • les outils de production de contenu : Stripgenerator pour des planches BD, Canva ou Adioma pour les infographies, IrfanView pour de la retouche d’image, Lumen5 pour des vidéos…
  • les outils « techniques » : WordPress, FileZilla…
  • les outils d’analyse et de monitoring : Google Analytics, Mention…

Je reviendrai lors d’un prochain article sur les enseignements à tirer pour un blogueur ou un rédacteur qui veut devenir professionnel.

Crédits : By Pinguino Kolb (« Pinguino’s » flickr account) [CC BY 2.0 ], via Wikimedia Commons

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