Je suis toujours fasciné par l’impact invisible du numérique sur notre planète. Saviez-vous qu’un simple clic génère en moyenne 4,61 grammes de CO2 ? À l’ère du tout-digital, concevoir un site web éco-responsable n’est plus une option, mais une nécessité. Et bonne nouvelle : cela peut aussi améliorer l’expérience utilisateur et le SEO !
L’éco-conception web vise à réduire l’impact environnemental d’internet et du numérique, qui représente une part croissante des émissions de CO2 dans le monde. L’industrie du web génère 4 % des émissions de gaz à effet de serre, et un site web typique émet 4,61 grammes de CO2 à chaque page consultée. L’objectif est de créer des sites internet respectueux de l’environnement et moins énergivores, tout en offrant des performances similaires aux pratiques traditionnelles. S’engager dans l’éco-conception web permet également des économies financières, une durabilité accrue, une expérience utilisateur optimisée, et même un meilleur référencement naturel.
1. Stratégie et conception initiale : revenir à l’essentiel
- Justifier l’utilité du service numérique dès sa conception, en s’assurant qu’il répond à un besoin avéré, qu’il crée de la valeur ou participe à l’intérêt général. L’utilisation du numérique doit être nécessaire, et la valeur ajoutée doit justifier les ressources mobilisées.
- Aligner le service avec des référentiels de durabilité tels que les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU ou les limites planétaires.
- Connaître ses cibles utilisateurs (usages, besoins, comportements) pour éviter de surcharger le service en fonctionnalités et contenus superflus.
- Supprimer le superflu sur chaque page web, en ne retenant que l’indispensable.
- Réaliser une étude qualitative des impacts environnementaux potentiels, directs et indirects, dès le début du projet.
- Évaluer la pertinence de chaque fonctionnalité.
- Désigner un ou plusieurs référents écoconception pour assister les équipes projet et garantir la cohérence de la démarche.
- Mesurer et suivre l’empreinte environnementale du service en se basant sur des indicateurs (consommation d’énergie, émissions de GES, consommation d’eau, épuisement des ressources) et fixer des objectifs de réduction. Une méthodologie d’analyse de cycle de vie (ACV) est recommandée.
- Réaliser des revues ou auto-évaluations régulières appliquant le référentiel général d’écoconception des services numériques (RGESN).
- Publier et mettre à jour une déclaration d’écoconception pour rendre compte de la démarche et des actions d’amélioration.
Mon conseil perso : Appliquez la règle des 20 % : 80 % de l’impact vient de 20 % des fonctionnalités. Identifiez-les et optimisez-les en priorité.
2. Design UX/UI : prioriser la sobriété et l’efficacité
- Adopter un design sobre et épuré en supprimant les effets non nécessaires.
- Assurer un design responsive, c’est-à-dire que l’affichage s’adapte à tous les écrans (ordinateurs, tablettes, smartphones). Le développement mobile-first peut y contribuer.
- Privilégier les icônes aux images lorsque c’est possible.
- Limiter le nombre de polices d’écriture utilisées (deux maximum) et optimiser leur chargement.
- Optimiser les parcours de navigation et éliminer les fonctionnalités non essentielles pour minimiser le temps passé par l’utilisateur sur le service.
- Éviter les pratiques de captation de l’attention telles que la lecture automatique incontrôlée, les animations excessives, le défilement automatique ou les « murs de contenu » infinis.
- Limiter le recours aux dark patterns (procédés manipulatoires dans l’interface utilisateur) qui peuvent induire des usages excessifs.
- Limiter les notifications au strict minimum et donner à l’utilisateur la possibilité de les désactiver ou d’en choisir la fréquence.
- Informer l’utilisateur sur le temps d’utilisation, l’impact environnemental de ses usages et des fonctionnalités les plus coûteuses.
- Proposer un mode d’affichage et d’usage « sobre » ou « économie de données » qui réduit la consommation de ressources, activable par défaut ou à la demande de l’utilisateur.
- Optimiser la qualité et le poids des images pour les différents terminaux.
- Ajuster la définition des vidéos au terminal utilisé et proposer un mode « sobriété énergétique ».
- Minimiser le recours aux contenus médias lourds (vidéos, animations, audio) ayant un but purement esthétique, en privilégiant des alternatives plus légères ou en s’assurant qu’ils servent une fonction critique ou apportent de l’information.
- Utiliser des codecs efficaces pour les vidéos (AV1, VP9, HEVC) et l’audio (Opus, AAC, etc.).
- Compresser les documents pour la visualisation en ligne.
- Favoriser l’utilisation de composants fonctionnels natifs du système ou du navigateur plutôt que des développements en surcouche.
- Limiter l’activation des capteurs du terminal (webcam, micro, géolocalisation) aux moments où ils sont réellement nécessaires, avec alerte et consentement de l’utilisateur.
Mon astuce coup de cœur : Proposez un mode « économie de données » (comme Wikipedia Lite). Vos utilisateurs mobiles vous remercieront !
3. Technologies et développement : choisir l’efficacité et la simplicité
- Choisir les langages web les plus économes en énergie qui répondent aux besoins.
- Minimiser le code source et éviter les recours intempestifs aux « divs » et « classes » en HTML/CSS.
- Supprimer les fonctionnalités inutiles, notamment les plugins lourds dans les CMS.
- Limiter le nombre de requêtes HTTP entre le client et le serveur.
- Réduire les appels à des API, scripts, librairies ou polices de caractères tiers.
- Limiter la complétion automatique en ligne ou la paramétrer pour éviter des requêtes excessives.
- Valider les saisies de formulaire côté client avant soumission au serveur pour réduire les allers-retours inutiles en cas d’erreur.
- Indiquer les prérequis (poids, format) pour les fichiers et ne pas permettre la soumission si ces limites ne sont pas respectées.
- Charger les ressources et les composants uniquement lorsqu’ils sont utilisés.
- Utiliser des protocoles réseau efficaces tels que HTTP/2 ou HTTP/3 et limiter le nombre de domaines pour les ressources.
- Choisir des technologies standard (par exemple, web plutôt qu’applications natives quand possible) et des API bien supportées pour lutter contre l’obsolescence logicielle.
- Utiliser des composants open source pour faciliter la maintenance et prolonger la durée de vie du code.
- Assurer la compatibilité du service avec des équipements (matériel) et des systèmes d’exploitation/navigateurs aussi anciens que possible pour limiter l’obsolescence matérielle.
- Garantir l’utilisabilité du service avec des connexions bas débit ou hors connexion.
- Mettre en place un mécanisme de cache côté utilisateur (frontend) pour les données transférées fréquemment.
- Compresser et minifier les fichiers (HTML, CSS, JavaScript).
4. Backend et données : optimiser les opérations côté serveur
- Séparer les données « chaudes » (souvent utilisées) des données « froides » (archivées) et utiliser des solutions de stockage adaptées à leur usage pour réduire les impacts environnementaux.
- Définir une stratégie d’archivage et de suppression des contenus obsolètes, périmés ou inutiles dans les bases de données.
- Mettre en place un mécanisme de cache côté serveur pour les données fréquemment requêtées.
- Optimiser l’utilisation des ressources informatiques en ajustant dynamiquement la quantité de ressources allouées en fonction de la demande.
- Décaler les calculs et transferts de données asynchrones pour éviter les moments de forte sollicitation des serveurs ou des réseaux, ou les pics de consommation électrique.
- Limiter les requêtes simultanées inutiles en désactivant les boutons d’action pendant le traitement et en informant l’utilisateur.
- Choisir un mécanisme de consensus de blockchain moins énergivore que la preuve de travail si cette technologie est utilisée.
5. Hébergement : choisir un partenaire engagé
- Opter pour un hébergement web écologique.
- Favoriser un hébergeur local si possible.
- Privilégier un hébergeur utilisant des serveurs alimentés par des énergies vertes et renouvelables.
- Choisir un hébergeur transparent sur son empreinte environnementale (GES, énergie, eau, ressources) et ayant des engagements pour la réduire.
- Prendre en compte les pratiques du centre de données (Code de conduite européen, certifications ISO, gestion de l’eau (WUE), récupération de chaleur fatale).
- Considérer le PUE (Power Usage Effectiveness) de l’hébergement.
- Choisir un hébergeur ayant une politique de gestion durable des équipements (durée de vie, achat durable, réparation, réemploi).
- Privilégier un hébergement dans un pays avec une électricité bas carbone et, si possible, proche des utilisateurs pour réduire la distance parcourue par les données.
- Optimiser l’utilisation des environnements de développement, préproduction ou test en les mutualisant ou en les éteignant lorsqu’ils sont inutilisés.
Mettre en œuvre ces actions nécessite une réflexion à toutes les étapes de la conception et de la vie d’un service numérique. L’éco-conception implique de revenir à l’essentiel et de remettre en question les choix techniques et fonctionnels.