Le projet agile pour les nuls

Le management en mode agile déferle sur les projets web depuis quelques années. Mais ses détracteurs pointent du doigt les limites de l’agilité.

La méthode agile en bref

La méthode dite « agile » consiste à découper un projet en différents morceaux, appelés itérations. Chaque étape fait l’objet d’un sprint. On concentre, sur un temps réduit, les phases traditionnelles : spécifications, développement, test, modification et implémentation. On se focalise sur les besoins essentiels : pertinence et rapidité sont les maîtres mots de la méthode agile.

Les avantages

Le client voit très tôt les premiers résultats et est fortement impliqué tout au long des sprints.

Les risques

Disponibilité, communication et changement doivent être totalement acceptés par les parties prenantes. Si vous êtes client et que vous ne pouvez pas consacrer une heure par jour à ce projet, laissez tomber la méthode agile.

Vous qui aimez les métaphores, c’est comme si vous deviez cuisiner pour 10 personnes. Vous commencez par les boissons et le pain : les convives peuvent patienter un peu avant l’entrée et vous pouvez disposer tout de suite. Puis vous préparez l’entrée, vous faites goûter, rectifiez l’assaisonnement si nécessaire et vous servez. Passez ensuite au plat principal et envoyez dès que possible, toujours en testant au préalable. Si besoin, vous changez un aliment, en cas d’intolérance par exemple.

La différence avec les autres méthodes ?

L’approche traditionnelle, dite en V ou en cascade, comprend généralement les étapes suivantes : analyse, conception générale, spécifications détaillées, développement, tests, validation.

Elle est remise en question en raison de son effet tunnel : le client est « aveugle » pendant les mois de développement. Il ne voit des avancées que sur le papier, au fur et à mesure que s’amoncelle la documentation.

Le risque est de voir les priorités du projet changer au cours de route alors que cette méthode n’autorise pas les remises en question.

Pour filer la métaphore gastronomique, vous préparez l’ensemble des plats à l’avance. Au dernier moment, vous servez tout en même temps. Les gens qui ont réservé 3 mois à l’avance auront-ils toujours envie d’un gaspacho s’il fait – 30° ? que se passe-t-il si les invités ont changé ou si la moitié est allergique à la tomate ?

Retour expérience

Les partisans de la méthode agile l’ont durablement ancrée chez les clients et les prestataires. Des voix pourtant s’élèvent contre ses effets pervers : lire à ce sujet l’excellent article : Running in Circles – Why Agile Isn’t Working and What We Do Differently (ENG).

J’ai constaté que les agences proposent souvent des méthodes mixtes, appelées parfois semi-agiles. On commence par définir l’objet final attendu et on priorise les fonctionnalités principales : ce sera le lot 1. On lance ensuite un cycle en V pour obtenir rapidement un produit fonctionnel suffisant (minimal viable product).

Les autres fonctionnalités constituent d’autres lots qui viennent progressivement enrichir le produit initial.

Cette manière de collaborer est plus pragmatique et plus efficace. On réunit plus ou moins les avantages des deux méthodes sans en faire une histoire de principe.

Le mot de la fin

Il n’est pas éthique de travailler avec un prestataire dont le commercial présente la méthode en lançant à la cantonade :

La méthode à qui ? La méthode à Gilles, l’ami de la gestion de projet !

2 commentaires

  1. Chob president, chob président…!! 🙂 merci pour cet article très utile, et plein d’humour. J’adore ! Bon… je retourne à mon ptit dej, café, croissant, bacon.

Les commentaires sont fermés, pas moi.