Accessibilité web : pour en finir avec les idées reçues

Un site web accessible, c’est moche et ça coûte cher ! Il suffit que les développeurs fassent leur boulot… De toute façon, les personnes handicapées ne vont pas sur mon site. Moi, j’ai rajouté une extension qui rend mon site accessible.

Vous avez sûrement entendu ces propos dans une réunion clients, voire dans une réunion agence. Peut-être même avez-vous tenu ce type de discours. L’objectif ici n’est pas de juger les personnes qui relaient ces idées reçues, mais plutôt de donner quelques arguments pour les contrer.

« Les sites accessibles sont moches ! »

On ne va pas se mentir, c’était vrai… il y a 15 ans. Il fut une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, quand l’alternative était de faire joli en full Flash ou moche en HTML. Depuis, le Flash a disparu de la circulation, le HTML5 est arrivé et les designers ont progressé. Ils ont intégré l’accessibilité dans leurs contraintes, au même titre que la performance ou que la version responsive par exemple.

Il y a encore quelques années, un site accessible « se voyait ». On fermait les yeux sur le design moyen en se consolant avec la satisfaction d’un site accessible. Aujourd’hui, nous utilisons des sites sans savoir qu’ils sont accessibles… jusqu’au moment où nous retrouvons en situation de handicap.

Exemple de site web accessible : SNCF.COM
Exemple de site web accessible : Fédération française des télécoms

D’autres exemples dans la galerie d’Accessiweb

« L’accessibilité coûte cher et ne rapporte rien »

Il y a plusieurs manières de répondre sur ce point.

  1. L’accessibilité ne coûte pas cher. C’est plus un point d’attention permanent à chaque étape de la conception, de la refonte ou des évolutions d’un site web. En intégrant l’accessibilité à toutes les étapes, vous économisez les coûts liés à la « mise aux normes ».
  2. Un site non accessible vous coûte des clients. L’ami Elie Sloïm alerte sur les coûts cachés liés à la non-qualité. La plupart de ses arguments s’appliquent tout autant à la non-accessibilité. Une étude montre que les personnes mal-voyantes abandonnent les 2/3 de leurs transactions et qu’elles appellent le service client une fois par semaine en raison de l’inaccessibilité d’un site web. Ces clients perdus ou qui prennent du temps au SAV pénalisent les sites web inaccessibles.
  3. On peut comparer l’accessibilité aux actions pour respecter les données personnelles. Si vous mettez votre site en conformité avec les recommandations CNIL/RGPD, cela a un coût. Au delà de l’aspect légal, cette mise en conformité est également une manière de respecter les visiteurs, de plus en plus sensibles aux marques engagées. Rendre son site accessible est un engagement qui peut faire la différence en termes d’image de marque auprès de tous les publics, qu’ils soient en situation de handicap ou non.

« Les sites accessibles, c’est le boulot des développeurs »

L’accessibilité n’est pas une fonctionnalité, mais une démarche transversale. Elle ne peut exister que si elle est prise en compte à toutes les étapes, par toutes les équipes. On peut faire le parallèle avec le référencement naturel. Un site peut être développé avec les meilleures pratiques en matière d’optimisation SEO : si les personnes en charge du contenu ne respectent pas les bonnes pratiques, le contenu perdra en visibilité.

Pour l’accessibilité, c’est exactement le même principe. Les développeurs doivent s’assurer d’une conception optimale et d’un code bien balisé, mais leur travail sera inutile si le contenu ignore un certain nombre de règles. Pas de panique, je vous ai résumé 20 règles faciles à appliquer pour produire du contenu web accessible.

« Les personnes handicapées n’utilisent pas mon site »

Je l’aime bien celle-là. C’est comme dire :

« Je n’ai pas besoin d’ascenseur, les personnes en fauteuil roulant ne viennent jamais chez moi. »

On confond la cause et l’effet. Les personnes handicapées n’utilisent pas certains sites parce qu’elles ne le peuvent pas, non parce qu’elles ne le veulent pas. Afficher un site accessible, c’est élargir son audience. Et récupérer l’audience des concurrents non accessibles.

« Mon site est accessible grâce à une extension »

Ah, l’outil magique qui donne bonne conscience ! Ce serait tellement simple de tout résoudre avec des extensions : une pour le SEO, une pour la performance, une pour l’ergonomie…

Ces sujets, tout comme l’accessibilité, sont transversaux et impliquent tous les métiers. La clé du succès tient à leur prise en compte par toutes les parties prenantes. Il n’est pas question de magie, mais de compétences qui s’additionnent et se complètent pour la réussite du projet.

Certaines extensions proposent des compléments ou palliatifs intéressants mais ne peuvent résoudre des problèmes structurels. Elles peuvent vous aider sur les derniers mètres du trajet, pas vous éviter le voyage.

Conclusion : les idées reçues ont la vie dure

L’ignorance est le terreau préféré des idées reçues, qu’elles concernent l’accessibilité ou d’autres sujets. Plus nous serons nombreux à partager des informations et des pratiques sur l’accessibilité, plus elle sera comprise et prise en compte. Go !