Médias sociaux et statistiques : la grande illusion

Les médias sociaux engendrent un tel business que chacun manipule les chiffres à son avantage. La preuve par l’exemple.

Les médias sociaux, Facebook, Twitter et Google + en tête, communiquent largement des statistiques flatteuses. Elles sont souvent reprises sans trop différencier les utilisateurs réels des comptes. Si on y regarde de plus près, il y a de quoi se décourager.

  • Twitter revendique 271 millions d’utilisateurs actifs par mois. Soit. J’ai 3 comptes Twitter, un verrouillé que je n’utilise plus qu’occasionnellement, un @fakechob créé lors de ma série de billets sur les #sociotweeps et bien sûr mon vrai compte actif. Quels sont ceux qui sont pris en compte par Twitter ?
  • Google + aurait une base mensuelle de 359 millions d’utilisateurs actifs mensuels, si j’en crois Wikipedia faute d’avoir trouvé l’information sur les sites Google. Bien. J’ai autant de comptes Google+ que d’adresses email actives, soit trois. Mais je ne suis actif que sur un seul compte. Là encore, je m’interroge sur la notion d’utilisateurs actifs. Si je me connecte à Google Analytics ou Google Drive et que je clique sur l’icône du profil Google+ associé, suis-je considéré comme actif ? Et si je fais +1 une fois par mois ?
  • Facebook annonce 1,32 milliards d’utilisateurs actifs par mois. Curieusement, le chiffre le plus énorme me semble le plus crédible, même si j’ai les mêmes doutes sur la définition des utilisateurs actifs. J’ai deux comptes Facebook, un perso pour souhaiter une fois par an un bon anniversaire à quelques amis et parents, un pour Choblab complété par une page peu « conversationnelle » (j’y reviendrai dans un prochaine article).

De quels chiffres parle-t-on ?

Pas de communication homogène

Premier constat : j’ai l’impression que les géants du web balancent les chiffres qui les arrangent. Même Wikipedia cite pour Google+ une annonce faite par un orateur de Google et reprise par TheNextWeb ! Fiabilité quand tu nous tiens… Existe-t-il un organisme indépendant qui puisse vérifier et attester ces chiffres, un Médiamétrie des comptes sur les médias sociaux ?

Pas de définition unique de l’utilisateur actif

A priori, les grands médias sociaux pourraient disposer d’une unité de mesure comparable : un utilisateur actif mensuel serait celui qui se connecte et/ou exécute une action quelconque au moins une fois par mois. Mais seul Facebook se réfère à cette définition, déjà sujette à caution. Selon cet article (en anglais), Twitter considère un utilisateur comme actif à partir du moment où il suit 30 comptes et est suivi par un tiers d’entre eux ! Google remporte la palme de l’opacité faute de lieu d’information dédié. Mes recherches sur le sujet renvoient uniquement à des déclarations rapportées par la presse : un représentant de Google a affirmé…, selon X, un utilisateur est actif s’il clique sur une notif dans Gmail…

Hieronymus Bosch: The Conjurer, 1475-1480.
Hieronymus Bosch : The Conjurer, 1475-1480.

Conclusion : la valeur n’attend pas le nombre des utilisateurs !

Je m’interroge sur la valeur d’un utilisateur actif. Se réduit-elle à une unité de mesure bancale dans une course à l’échalote où chacun joue selon ses règles ? S’agit-il de miettes rassises jetées en pâture aux journalistes qui pourront les exploiter sous forme de belles infographies sans s’interroger sur leur intérêt ? Peut-être l’utilisateur actif n’est-il plus qu’une notion vide de sens. Son intérêt se borne à celui que lui accordent les investisseurs : un élément qui sert à rassurer, notamment si les recettes publicitaires viennent à fléchir.

Crédit image : ZioDave [CC-BY-SA-2.0], via Wikimedia Commons

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Un commentaire

  1. Bonjour,

    Merci pour ce billet sur lequel je vous rejoins totalement.
    Pire, dès lors que l’on cherche à obtenir une estimation du nombre d’utilisateurs par région du globe ou par pays, cela relève du parcours du combattant. On se retrouve donc généralement avec des extrapolations au doigt mouillé.

    Difficile dans ce contexte d’affiner une stratégie sur les médias sociaux quand on souhaite toucher des utilisateurs d’un pays spécifique. On se retrouve à donner des grandes tendances.

    Bref, tout comme vous, je pense qu’il est nécessaire à minima de préciser la définition d’utilisateurs actifs. Facebook parle de MAU’s, à voir s’il est possible d’aboutir sur un indicateur composite unique pour calculer ses éléments et ainsi pouvoir comparer d’un réseau à l’autre.

    Mais quand on voit le temps que cela a pris en France pour aboutir à une réflexion commune sur les KPI’s des réseaux sociaux (propositions du Syntec), je pense qu’on peut attendre encore pas mal de temps pour que la mesure des MAU’s soit homogénéisé à l’échelle mondiale. Surtout que les paramètres qui entrent en ligne de compte dans le calcul de ces indicateurs sont le reflet de la perception de l’utilisation du web propre à la culture de chaque pays des sociétés éditrices de ces réseaux !

    Affaire à suivre…
    Bryan

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